Que faire pour guérir la violence psychologique vécue ?

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Cette question mainte fois lancée nécessite plus qu’une chronique pour y répondre. Le sujet est vaste, la profondeur des blessures est sans fond et la complexité de chaque expérience demeure unique. Malgré cela, il existe une base non négligeable qui permet d’entrevoir la lumière au bout du tunnel… et ce n’est pas celle d’un train. 

Personne ne peut prédire le délai d’une guérison pas plus un spécialiste de la santé physique ou psychologique qu’un ami. Selon la sensibilité de chacun, la durée et l’intensité des sévices vécus, le soutien tel que l’environnement immédiat et la rapidité de cheminement de chaque individu, la guérison sera plus ou moins longue. Pourtant, afin d’entamer ce processus, il faut effectuer des choix. Le premier est assurément de VOUS CHOISIR. En d’autres mots : vous devez sauver votre peau ! Quitter la situation qui vous détruit.

Le deuxième choix est de NE PAS RETOURNER vers l’agresseur. Cette étape représente le nerf de la guerre puisque les manipulateurs savent sur quel levier appuyer pour faire naître en vous la culpabilité, la dépendance au chaos, le manque (de lui), l’oubli (du malheur vécu) en plus de vous faire porter la responsabilité de tout ce qui s’est produit dans le passé. Puisque vous êtes habitué de vivre dans les disputes, dans la violence, dans les montagnes russes, le vide vous semble encore plus grand et la vie autour de vous n’a plus de saveur ni d’odeur.

 Le troisième choix est de DEMEURER LOIN de la source de souffrance malgré le mal de vivre qui vous dévore. Ce choix semble simple, mais ne l’est pas ! Ne pas répondre aux textos, aux appels, à Messenger ou même ne pas lui ouvrir la porte de votre maison relève de l’exploit dans la société actuelle où tout le monde est branché en permanence. Pourtant, ce choix est primordial dans le processus de guérison. S’il est le parent de vos enfants, limitez-vous au strict minimum.

 Le quatrième choix est D’ÉVITER DE NOURRIR LES SOUVENIRS HEUREUX. Évidemment personne n’est mauvais en totalité (quoique), mais ne penser qu’au bonheur vécu avec l’agresseur ne mène nulle part en plus de retarder le processus de guérison. Ressassez les beaux moments – ou pire, ce qui aurait pu être –, détruit autant que si vous étiez resté dans la relation destructrice. Concentrez-vous davantage sur les émotions ambivalentes, néfastes, discriminatoires, injustes vécues lors des interactions. Cela atténuera votre souffrance.

Le cinquième choix est de DEVENIR PLUS CONSCIENT. Chercher à être conscient davantage permet d’ouvrir l’esprit sur la compréhension de chaque expérience vécue. Bien sûr, cela ne se fait pas du jour au lendemain, il faut bon nombre de mois, voire des années avant que l’expérience trouve un sens. Les discussions avec de vrais amis, la lecture d’ouvrages inspirants et une assistance psychologique permettent d’accélérer le cheminement. Être conscient c’est comprendre que ces violeurs d’âme agissent ainsi avec tout le monde et ce que vous avez nommé amour n’était que violence. Cette prise de conscience favorise le détachement.

Le sixième choix est D’ÊTRE INDULGENT ENVERS VOUS. Vous devez être prudent pour ne pas reproduire l’intransigeance qu’on vous a manifestée. Pour vous-même, soyez patient sans être complaisant, soyez bon sans être bonasse, soyez juste et réaliste pour éviter l’illusion. Il est possible que le temps de guérison représente la durée de la maltraitance, qui sait ?

 Pourtant, la vraie question est certainement celle-ci : peut-on vraiment guérir de la violence vécue ? Malgré toutes les étapes qui mènent vers l’acceptation, la résilience et le mieux-être, malgré la volonté, les efforts, les techniques et l’aide psychologique qui s’offrent à vous, la guérison peut être synonyme d’adaptation à vivre le mieux possible avec une nouvelle cicatrice. Vous ne pouvez retirer de votre être, de votre cœur, de votre tête l’expérience vécue, elle fait partie de vous comme une cicatrice sur un bras. D’une année à l’autre, elle est moins visible, elle s’estompe, mais elle reste présente. La guérison complète n’existe peut-être pas, mais diminuer l’intensité de la douleur est un choix sain et réaliste.  

 La première fois où j’ai quitté l’homme avec qui je vivais depuis trois ans, je l’avais informé de mon départ et il m’avait donné son consentement. Après deux semaines de silence, il m’a contactée et mon manque d’une situation chaotique était si profond que je suis retournée sans hésitation. Mon deuxième départ n’a duré que quelques jours, puis j’ai repris racine dans cet enfer encore une année. Les disputes étaient troublantes et son travail de destruction se peaufinait. Lorsque des tumeurs malignes se sont développées dans mon corps, j’ai compris que le temps était venu de me choisir vraiment.

 Mon troisième départ a été le bon. J’ai tout caché jusqu’à la veille du départ, cette fois. Je suis partie sans laisser d’adresse. Malgré ses tentatives pour me parler, je suis parvenue à couper tout contact. Depuis dix ans, j’ai réussi à me pardonner d’avoir accepté de tels traitements, mais je demeure sensible à la violence psychologique autant amoureuse, sociale que professionnelle.

1 commentaire

  1. Jean Desjardins le 4 novembre 2019 à 4:59 pm

    Bonsoir/bonjour, Marthe. 😇😍

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