Ne pas vouloir déplaire : un jeu dangereux

Close up group of bees on a daisy flower

Il nous arrive souvent d’avoir l’impression que tout le monde vient butiner notre jardin, aspirer notre énergie et voler notre précieux temps. Lorsque nous étions enfants, l’obéissance et la docilité pour plaire représentaient des qualités dignes d’être récompensées par des objets ou des activités que nous chérissions. Pour les familles dont la religion déterminait les valeurs du bien et du mal, les doutes et les remises en question étaient bannis. Un Dieu aimant ou punissant veillait sur chaque membre de la famille, et l’idée de déplaire ou de désobéir était pulvérisée avant même de prendre forme dans notre tête. Notre mémoire d’enfant a retenu la leçon : déplaire est un acte grave, passible de répréhension.

Plaire à tout le monde : mission impossible

Notre cerveau sait qu’il est impossible de plaire à tous, mais notre cœur, lui, veut être aimé, être en harmonie avec les membres de notre famille, les gestionnaires, les collègues, les amis, le partenaire de vie, sans oublier les enfants. Il ne faut surtout pas les décevoir, ces chéris, ni contrecarrer leurs plans, cela risquerait de créer chez eux des frustrations pouvant aller jusqu’au traumatisme. Pire que le traumatisme… le jugement de notre enfant ou de notre conjoint. Alors, évitons à tout prix de passer pour une mauvaise mère ou une piètre compagne.  

Puis, lorsque les parents avancent en âge, il ne faut surtout pas les décevoir, on ne connaît pas le délai d’ici la fin de leur vie. Donc, aussi bien continuer de servir leur cause au détriment de notre santé psychologique et physique. Alors, une fois que nous avons fini d’être un enfant hyper présent pour nos parents, une mère conciliante, une conjointe dévouée, une collaboratrice trop serviable et une amie toujours à l’écoute, que reste-t-il de nous ?.

Comment nous détruisons-nous ?

Nous arrivons au mitan de notre vie avec un mal de vivre au creux des reins et une incompréhension totale de notre état physique et psychologique. Nous ne comprenons pas de quelle manière nous sommes parvenues à une telle fragilité alors que nous avons donné toute notre vie. Pourquoi personne ne vient nous aider, nous soutenir, nous aimer ? La réponse est fort simple : nous n’avons pas appris à recevoir. Nous avons cherché à plaire, à être aimées sans jamais avoir pris le temps de nous aimer nous-mêmes. Nous avons passé notre vie à vouloir obtenir des autres l’appréciation, la reconnaissance, la validation de nos actes, de nos paroles. Nous les avons laissés déterminer notre valeur. Nous avons vécu à travers le regard des autres. Leur appréciation nous valait du bonheur, tandis que leur jugement sévère nous plongeait dans une souffrance profonde, nous faisant perdre le peu d’estime personnelle que nous avions développée.

Nous finissons par comprendre que notre immense besoin de plaire et d’obtenir de la reconnaissance nous a détruites. Lorsque nous touchons à notre désarroi, nous intégrons l’idée que notre parcours porte ce sceau : "J’ai cherché à plaire toute ma vie.".

L’urgence de se reconstruire

Il n’est jamais trop tard pour reprendre le pouvoir de notre vie. Déjà, le fait de prendre conscience que nous nous sommes oubliées est un premier pas. Ensuite, nous devons nous observer à la loupe pour comprendre notre mode de fonctionnement. Assurément, nous ne pouvons réécrire le passé, mais nous devons analyser et corriger le présent pour mieux préparer l’avenir. Il devient primordial de nous questionner avant de répondre « oui » aux demandes qui nous sont faites, par exemple :

  1. Ai-je envie de le faire ?
  2. Suis-je en harmonie avec mes valeurs ?
  3. Est-ce important de plaire à cette personne ?
  4. Est-ce que le prix à payer sera trop élevé ?
  5. Est-ce que je me sentirais coupable de dire non ?
  6. Puis-je plaire à tout le monde ?
  7. Ai-je vraiment le temps ?
  8. Dois-je couper dans mon temps de loisir ?
  9. Est-ce que cette relation me nourrit encore ?
  10. Suis obligée de rester dans cette relation ?

Ces quelques interrogations nous mènent à coup sûr vers la réflexion. Puisque c’est nous qui dirigeons notre vie, il est de bon ton de connaître les raisons qui nous ont conduites là où nous sommes afin de modifier notre route.   

Une amie me racontait de quelle manière elle s’est rendue malade. Déjà, à l’âge de cinq ans, elle est le bras droit de ses parents. La maladie de son frère aîné l’incite à prendre peu de place et, idéalement, à ne pas manifester ses besoins pour ne pas ajouter du travail à sa mère. Très tôt, elle comprend qu’un service rendu pour alléger les tâches familiales lui vaut une récompense ou à tout le moins l'appréciation de ses parents. C’est ainsi qu’elle se met à plaire jusqu’à en oublier ses propres besoins et, avec eux, son identité.

Arrivée à l’âge adulte, elle prend soin de sa mère malade, puis après son décès, c’est le tour de son père. Au fil des ans, à force de donner à tout le monde, mon amie se retrouve en dépression profonde essuyant une rupture amoureuse et se trouvant dans l’obligation morale de démissionner de son poste de cadre. Toujours en thérapie aujourd’hui, elle me dit simplement : « C’est fou, je n’ai jamais pu dire à ma psychologue ce que j’aime dans la vie. La seule chose que j’ai faite, c’est plaire aux autres. »

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POUR EN FINIR AVEC LE JUGEMENT DES AUTRES ET LA CULPABILITÉ

Quelle image avons-nous de nous-mêmes ? Quel regard posons-nous sur notre entourage ? Et si, pour cesser de nous sentir continuellement coupables, il nous fallait avant tout reconsidérer notre perception de nous-mêmes ? Cet ouvrage fait le point sur notre fragilité et sur notre trop grande disposition à laisser les autres nous définir.

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