L’impact néfaste des jurons

Est-ce vrai qu’un juron libère les tensions de ceux qui l’émettent ? Rien n’est moins sûr. Par contre, il crée du stress à ceux qui l’entendent et de l’angoisse à ceux qui le reçoivent.

Est-ce vrai qu’un juron libère les tensions de ceux qui l’émettent ? Rien n’est moins sûr. Par contre, il crée du stress à ceux qui l’entendent et de l’angoisse à ceux qui le reçoivent. Se faire injurier est inacceptable peu importe les raisons. Vivre ou travailler avec un être impulsif qui ne contrôle pas son agressivité verbale ni comportemental détruit l’environnement en un temps record. Il ne faut surtout pas croire que si cette agressivité ne vous ait pas destinée, elle n’a aucun impact sur vous. L’énergie transmise par les jurons – et cela n’a rien à voir avec la religion ni les croyances de chacun – est d’une telle violence qu’à la longue elle s’incruste à l’intérieur de vous et devient une musique acceptable.

Plus vous entendez des injures autour de vous, plus cela vous semble naturel car vous vous dites que de toute façon, bon nombre de gens utilisent ce moyen facile pour exprimer leur désaccord, leur colère ou leur joie et leur appréciation. Le fait que vous croyiez ou non en une religion ou à une doctrine quelconque n’a aucune importance, l’idée est de comprendre l’agressivité qui se cache derrière un tabarnak ou pire lorsque ce juron vous est destiné : ma calvaire. La colère qui entoure ces mots s’imprègne à l’intérieur de vous et n’a d’autre but que de vous assouvir, vous diminuer.

Cette surcharge de rage, que vous le vouliez ou non, vous fait craindre, vous effraie et le message est clair que vous devez vous tenir tranquille afin de ne pas empirer la situation. La prochaine fois que vous serez témoin d’injures soyez attentive à ce qui se passe en vous :

1)    Vous êtes saisie
2)    Votre respiration s’accélère
3)    Des souvenirs désagréables de votre passé refont surface
4)    Votre corps enregistre le stress, il tombe en alerte et se contracte
5)    Vous vous demandez si vous êtes concernée
6)    Le taux d’agressivité monte d’un cran en vous
7)    L’atmosphère vient de changer
8)    Vous restez dans le silence et vous vous faites petite ou
9)    Vous tentez de calmer le jeu pour faire redescendre la pression
10) Vous avez perdu votre concentration et votre état de quiétude

Vous avez tort de croire que ces mots remplis de violence n’ont aucun impact sur vous, car vos corps physique et psychologique enregistrent tout malgré vous, même si vous n’en êtes pas conscients. Cette violence s’apparente au bitchage, car elle fait des ravages de manière insidieuse. À force de répétition de coups de marteau, le clou fini toujours par rentrer dans la planche en bois. Peut-être n’est-ce pas toujours facile de s’éloigner de ces agressifs, mais le fait d’en prendre conscience ouvre les portes d’un changement possible. À tout le moins, peut permettre un dialogue afin d’exprimer votre refus de subir ce stress plus longtemps… ou dans le meilleur des cas vous connaitrez la cause de vos malaises intérieurs et pourrez agir pour votre bien.

J’ai travaillé pendant quatre années avec un collègue qui avait son bureau à quelques mètres du mien. Lorsqu’il lançait un calvaire bien ressenti en y ajoutant en grand coup de poids sur son bureau, nous étions deux, ma secrétaire et moi, à bondir sur notre chaise en même temps que de notre rythme cardiaque s’accélérait. Nos regards se croisaient et nous pouvions sentir le stress et le malaise dans nos yeux et même dans notre corps.

Malgré la conviction que je n’y étais pour rien dans sa colère, inconsciemment, je tombais en état d’alerte. Je marchais sur des œufs, je respirais à peine afin de ne pas exacerber la tension qui régnait dans le bureau. Déjà mes fonctions m’apportaient son lot de stress, le tempérament intolérant et agressif de mon collègue ajoutait inutilement une décharge d’énergie néfaste pour tout le monde y compris pour lui. C’est complètement à plat que je rentrais chez moi en sachant qu’il y avait une violence en moi qui ne m’appartenait pas. Le jour où j’ai compris, j’ai demandé à changer d’espace de travail afin de m’éloigner de cette source de stress et d’angoisse qui grugeait mon moral. Imaginez s’il s’agit de votre conjoint !

2 commentaires

  1. Claire le 11 mars 2020 à 4:26 am

    J’apprécie énormément vous lire

    • Marthe Saint-Laurent le 12 mars 2020 à 3:25 pm

      Merci beaucoup, Claire, pour votre appréciation. Êtes-vous inscrite à mes chroniques?

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