La manipulation silencieuse… sournoise et dévastatrice

La manipulation silencieuse, encore plus sournoise que la manipulation directe, demeure un mystère pour bien des gens. Puisque les preuves ne sont pas apparentes et que les actions sont hypocrites, cette manipulation est difficile à décrire, encore davantage à dénoncer.

La manipulation silencieuse, encore plus sournoise que la manipulation directe, demeure un mystère pour bien des gens. Puisque les preuves ne sont pas apparentes et que les actions sont hypocrites, cette manipulation est difficile à décrire, encore davantage à dénoncer. Les silences, les non-dits, les actions par-derrière, les manigances douces et gentilles accompagnées d’une belle intention, ça vous dit quelque chose? Vous arrive-t-il de vous faire avoir dans le tournant? De vous retrouver à faire une activité ou des tâches sans votre consentement et même à l’encontre de votre volonté réelle… et cela à répétition? Si cette impression « d’être coincée, de ne pas avoir le choix » revient en boucle dans votre esprit, toujours dans le sillage de la même personne, regardez s’il ne s’agit pas de la manipulation silencieuse.

Vous pouvez la vivre avec votre conjoint, un parent, un membre de votre famille et même vos enfants. Vous avez la sensation qu'un piège se referme doucement et langoureusement autour de votre cou. Il ne faut pas croire que la violence psychologique naît uniquement des cris, des coups, des jurons ou de la discorde entre deux êtres. Plusieurs vivent une détresse psychologique dans la douceur et le calme des jours qui semblent heureux et sans heurts. Ce qu’il faut observer dans ce mode de fonctionnement, c’est votre ressenti. Comment vous sentez-vous lorsque vous constatez avec effroi que vous vous retrouvez, pour une énième fois, dans une situation que vous n’avez pas désirée? Avez-vous vu venir le résultat ou tout s’est déroulé à votre insu?

Voici quelques pistes d’observation qui pourraient vous aider à mieux comprendre la manipulation silencieuse.

  • Votre ressenti vous indique que quelque chose ne va pas. Vous questionnez l’autre et il vous répond doucement que tout va bien, que ce n’est que dans votre tête.
  • Lorsque vous constatez que les raisons évoquées pour vous mener à une activité ne sont pas les mêmes qu’au final.
  • Lorsque vous croyez vivre en permanence avec « une boîte à surprise » en découvrant des imprévus ici et là dans le but de vous faire plaisir.
  • Lorsque vous vivez avec le sentiment précis de vous « faire avoir », mais dans la bonté et l’amour.
  • Lorsque l’autre décide tout à votre place, ne vous informe pas avant, mais après avoir pris des décisions pour le bien du couple, par exemple.
  • Lorsque les plans changent à votre détriment chaque fois que vous prenez l’initiative d’une activité.
  • Lorsque l’intention de l’autre semble excellente, par exemple de payer un repas au restaurant, mais que son portefeuille reste à la maison (à répétition).
  • Lorsqu’on revient en douceur à la charge afin de vous faire prendre une décision ou de modifier votre action.
  • Lorsque la bonté est démesurée et que vous avez l’impression que vous n’avez pas le droit de vous plaindre malgré vos frustrations et votre mal-être, car l’autre est adorable avec vous.
  • Lorsque vous sentez qu’on organise votre vie, votre garde-robe, vos amies, votre agenda et même votre carrière… toujours avec amour et pour le bien du couple.

Ces énoncés ne sont que quelques comportements liés au visage silencieux de la manipulation. Évidemment, il en existe bien d’autres. Pour y voir plus clair, restez à l’écoute de vos émotions. Soyez honnête pour laisser surgir le ressenti sans tenter de masquer la vérité. N’essayez pas de vous convaincre que le problème, c’est vous, que tout est parfait chez l’autre. Demeurer dans la conscience permet de mettre le doigt sur des comportements qui vous détruisent et nourrissent vos frustrations.

Le problème avec les manipulateurs silencieux, c’est qu’il est extrêmement difficile de nommer cet enjôlement, de dénoncer toute forme de maltraitance, car rien n’existe mis à part ce sentiment intérieur (très juste) de se faire « piéger » à chaque détour. Ce n’est pas banal. Le mieux dans ces cas précis, c’est d’éviter de discuter, car de toute façon, vous aurez tort et passerez pour l’éternelle insatisfaite, celle qui ne sait pas apprécier la bonté et l’amour indéfectible de l’autre. Dans le meilleur des cas, il faut partir. Si vous décidez de rester dans cette relation, il faudra vous protéger afin de ne pas vous perdre complètement… s’il n’est pas trop tard.

Il était doux, beau et calme, cet homme rencontré au hasard d’une activité culturelle. Malgré les signes qui me dictaient de ne pas m’aventurer dans une relation avec lui, trop différent de moi, je me suis entêtée. Doucement, lentement, parce qu’il manquait d’argent, je lui ai ouvert les portes de ma maison. Je voulais l’aider à se refaire une santé financière. Puisqu’il était à la retraite, il me disait qu’il travaillait pour moi à la maison pendant que mes fonctions me menaient chez mon employeur. J’avais la conviction qu’il ne faisait rien de ses journées. Il me disait qu’au contraire, les dossiers avançaient, mais je devais attendre pour voir les résultats.

 Le soir venu, je rentrais chez moi, et de nouveaux meubles avaient été installés ici et là. Chaque jour, ses biens grugeaient de plus en plus mon espace, alors en peu de temps, je n’avais plus l’impression d’être chez moi. De manière sournoise, en mon absence, il avait fait son nid, malgré mon désaccord. Puis, les invitations à payer les courses trouvaient leur fin dans un manque de fonds à la caisse. Je n’ose calculer l’argent perdu dans cette union qui ne dura qu’une année. À l’intérieur, je rageais de me faire avoir avec autant de douceur et de bonté; son intention, me disait-il, était notre bonheur. J’ai dû payer le camion de déménagement pour le sortir de chez moi. J’ai appris ce qu’était la manipulation silencieuse, encore plus pernicieuse que la manipulation directe.

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