Enfant, vous étiez contrôlée et manipulée?

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Depuis quel âge ressentez-vous de la culpabilité? Vous n’êtes pas la seule à constater avec effroi que vous avez été, dès l’enfance, victime de la manipulation parentale. Ce n’est qu’à l’âge adulte, l’expérience aidant, qu’il est possible de comprendre que vos parents ont utilisé le chantage à outrance pour arriver à leurs fins. Les menaces qui mènent à la culpabilité peuvent paraître bénignes ou normales lorsque vous êtes jeune, mais il s’agit d’une base qui installe un doute permanent chez l’enfant, l’empêchant de se dissocier de ses parents pour arriver à s’ancrer.

La maltraitance parentale n’est pas qu’associée aux coups. Lorsqu’un parent frappe physiquement, c’est qu’il ne parvient plus à atteindre psychologiquement son enfant. Sachez que dans toutes les relations malsaines, la violence psychologique est la première à frapper. Souvent – pas toujours – les coups suivent. Pour celle qui n’a pas été violentée physiquement, il est drôlement plus facile de croire que son enfance s’est déroulée sans heurts. Pourtant, chez l’adulte, un malaise intérieur peut se faire de plus en plus oppressant et tirer son origine de l’enfance.

Lorsque les émotions sont refoulées, le processus psychologique tente de vous faire comprendre qu’il y a un problème; si cela ne fonctionne pas, le corps s’exprime. Justement, si votre corps vous envoie de grands signaux et que vous n’y êtes pas attentive, la suite risque d’être plus tragique. La maladie est une étape majeure dans votre cheminement, elle vous offre la chance de regarder de manière sérieuse à l’intérieur de vous. Il est temps de vous sortir la tête du sable pour suivre le fil conducteur qui vous mènera du point A jusqu’au point B, soit là où vous êtes présentement. Certes, il est désagréable d’admettre que vos parents vous ont manipulée jusqu’à vous rendre la vie misérable, et ce, même une fois que vous avez été adulte. Ce n’est que lorsqu’ils vieillissent et que vous devenez malade que vous comprenez qu’ils vous utilisent… comme ils l’ont toujours fait. Cette emprise n’est pas nouvelle.

Que devez-vous observer pour savoir qu’il s’agit bien de manipulation et de contrôle?

  • Le parent s’immisce dans votre vie en tout temps, ce qui ressemble à de l’amour.
  • Il suffit d’un regard ou d’un ton de sa part pour que votre sentiment de culpabilité s’enclenche.
  • Votre parent est prioritaire et vous passez toujours au second plan.
  • Vous vous sentez obligée de l’appeler, d’aller le voir, de faire ses courses, etc.
  • Il vous dénigre, et vous vous laissez faire pour ne pas le blesser.
  • Il envahit toutes les sphères de votre vie par des questions indiscrètes et contrôlantes.
  • Vous sentez sa présence oppressante même en son absence.
  • Vous répétez auprès de lui les mêmes agissements à l’âge adulte comme vous le faisiez enfant.
  • Votre entourage tente de vous faire voir que votre relation avec votre parent est malsaine.
  • Vous n’arrivez pas à prendre votre envol, car vous avez peur de son jugement et craignez les représailles.

Il n’est pas rare qu’un enfant manipulé se retrouve à l’âge adulte dans des relations de violence psychologique ou autres mauvais traitements. En fait, la personne reproduit ce qu’elle a vécu, car sa normalité devient la relation avec son parent, ce qu’elle a appris. Vous vous reconnaissez? C’est vrai qu’il est difficile d’admettre que la maltraitance ne montre pas toujours ses marques physiques. Son visage est multiple, souvent dissimulé, mais toujours dévastateur, tôt ou tard.

Si vous êtes sous emprise dans votre relation amoureuse, professionnelle ou sociale, regardez un peu votre enfance et voyez si votre mal-être ne provient pas de cette étape primordiale dans la vie de chaque humain. Observez votre relation avec votre parent et vous verrez que ce n’est pas parce qu’il vieillit que naît la culpabilité : elle s’est installée dans votre tout jeune âge. Sachez qu’il n’est jamais trop tard pour rétablir l’harmonie entre deux personnes. Il n’est pas nécessaire de couper les ponts avec un parent, mais changer les règles des interactions favorisera votre mieux-être, et votre parent n’en mourra pas. Il s’adaptera à la nouvelle réalité.

Un parent reste toujours parent, mais un enfant devient adulte et il doit prendre sa place. Il est normal que la dynamique change, il le faut même. Arriver à ce constat de manipulation parentale fait mal, mais si vous n’apportez pas de changement dans votre relation, vous risquez de répéter à outrance cette approche toxique et destructive avec votre entourage, en plus d’aggraver votre condition physique. Cette mise au point passera forcément par la colère, la révolte, la haine et peut-être même par le mépris envers vous et aussi envers votre parent. Le cheminement sera peut-être ardu et complexe, mais la libération n’en sera que meilleure.

Plus vous imposerez de nouvelles règles du jeu, plus vous sentirez la liberté issue du détachement que vous effectuerez par rapport à votre parent et aux émotions malsaines qu’il fait naître en vous.

À l’âge de 60 ans, une amie vient tout juste de comprendre qu’elle avait joué à l’autruche en refusant d’admettre que sa mère la contrôlait et la manipulait depuis son enfance. Elle associait cette intrusion et cette emprise à de l’amour inconditionnel. Il a fallu des crises d’anxiété, de la colère après chaque appel de sa mère et un malaise profond quant à son « devoir » de l’appeler pour lui donner des nouvelles tous les deux jours. Elle sentait bien que la relation était fusionnelle, mais elle croyait que c’était normal, car une mère et sa fille ont souvent une relation d’intimité profonde. Or, lorsque cette proximité est envahissante et brime notre vie, il faut réagir.

Mon amie a tout de même attendu d’être malade avant d’aller consulter. Elle a compris en tentant de répondre à cette fameuse question : « Comment est votre relation avec vos parents?» Les larmes ont surgi avec angoisse et libération. Le plus difficile pour mon amie a été d’admettre que, toute sa vie, elle a cru que ses parents et sa famille étaient parfaits, car il n’y avait aucune violence physique ni psychologique… du moins apparente. Sa thérapie lui a permis d’établir de nouvelles règles, de se libérer de l’emprise de sa mère, de se détacher des drames familiaux et de prendre son envol.  

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